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12 avril 2022

POURQUOI JE NE SUIS NI PATRIOTE NI NATIONALISTE

POURQUOI JE NE SUIS NI PATRIOTE NI NATIONALISTE

La mauvaise fortune a voulu que je naisse en RDC et que je sois Congolais de père de mère. L'Éternel, grand joueur de dés devant Lui-Même, en a décidé ainsi. Pour des raisons de commodité et en vue d'éviter les ennuis sur le plan du droit, disons que je possède la nationalité congolaise, détenant le passeport et la carte d'électeur (cette dernière soi-disant tenant lieu de carte d'identité, mais c'est un autre débat), ces deux documents faisant foi.

Est-ce pour autant que je dois m'en bomber la poitrine ? En lisant le titre de mon billet, vous aurez déjà compris que ma réponse à cette question est un vibrant NON. Je vous en donne les raisons de ce pas.

La RDC, un État créé par les colons

Le tracé de nos frontières n'a été effectué ni par nos chefs coutumiers ni par un quelconque autochtone. Sans nous contacter, sans nous demander, sans nous aviser, des leucodermes d'horizons différents se sont réunis à Berlin autour d'une table. De leur discussion accouchèrent grosso modo les limites actuelles de nos frontières. Et le moins que l'on puisse dire est que ces dernières ont été découpées à la hache, en faisant totalement fi des délimitations de nos royaumes d'antan. C'est que lorsque les résidents des contrées concernés n'ont pas été intéressés dès le départ dans cette opération, le tracé sur base des éléments géographiques (cours d'eau, massifs montagneux, etc.) n'a absolument aucune valeur aux yeux desdits résidents. Mais comment donc ?

L'hymne national, déjà à son deuxième vers, dit tout : les Congolais sont unis PAR LE SORT. Autrement dit, sans le moindre égard à leur volonté de départ. Cet état des choses pose problème, et pas uniquement en RDC : au sein de tous les pays issus de ce genre de découpages qui n'a nullement tenu compte des affinités ethniques, voire claniques, les populations s'identifient à leurs origines ancestrales. Difficile de leur donner tort, vu qu'il s'agit de l'origine la plus pertinente scientifiquement (car reposant sur des critères biologiques). Ne soyez donc guère surpris ni outré, cher lecteur(trice), que le tribalisme gouverne nos mœurs, du sommet à la base. Pour ma part, ma tribu tire son origine en Ouganda, par-delà la chaîne du Ruwenzori. Si je dois prendre en considération cette donnée, je me permets de déclarer que je ne me sens plus Ougandais que Congolais. Mais entendons-nous bien : ce n'est pas pour autant que j'ai une préférence pour ma tribu, au détriment des autres. Ce n'est pas non plus pour autant que je serai prêt à trahir la RDC. Attendu que j'ai adopté un choix mondialiste, je considère les êtres humains avec le même égard, en écartant de mon esprit tout favoritisme territorial, ethnique, tribal ou clanique. La trahison n'étant ni une qualité ni une valeur à soutenir, je me refuse à en user contre l'un de mes semblables, qui qu'il soit.

Le patriotisme et le nationalisme ne sont pas innés

N'en déplaise aux pasteurs et autres prêcheurs du même acabit : Dieu n'y est pour rien dans le fait d'être Congolais ou pas, du moins pas directement. Le Créateur a juste PERMIS, pour des raisons qui lui sont propres, que des individus d'un autre continent et de contrées fort lointaines  « créent » un territoire. Ce dernier, depuis la nuit du 26 février 1885, constitue un grenier à grains dans l'entendement desdits individus. Quand l'envie leur prend de s'y servir, ils ne s'étouffent pas de scrupules à organiser des pillages systématiques des richesses du cake qu'ils ont confectionné. L'indépendance et la souveraineté des États ? L'intangibilité des frontières ? Le droit international ? Le droit des peuples à disposer d'eux-mêmes ? Ils n'ont cure de toutes ces fadaises, les néocolons !

Au lieu de mettre la main à la pâte, ces individus louent les services des pâtissiers locaux qu'ils propulsent à l'aide d'élections fantoches. Des autorités pétries non pas de patriotisme et de nationalisme, mais plutôt de cupidité et de servilité. Et ces prédateurs osent inviter le peuple à défendre  « son » pays. Ne dit-on pas que l'exemple vient d'en haut ?

Que l'étonnement ne vous envahisse donc pas : de sempiternels conflits, tournant pour la plupart autour des ressources naturelles, s'entretiennent, mais jamais ne tarissent. Qu'un beau matin, vous appreniez qu'une partie du territoire est désormais  « détachée », ça ne doit pas vous émouvoir outre mesure. C'est qu'un convive invité à la Grande Bouffe aura décidé de prendre sa part du gâteau, tout en s'abreuvant des souffrances des autochtones qui trinqueront, comme à l'accoutumée. Ceux qui ont tracé nos frontières comme on brode un ourlet sont parfaitement  en mesure de les défaire puis de les refaire à leur guise. Devant nos yeux impuissants...

 

Morris Gréviste

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